Les funérailles ont été bien faites, ce qui avait d'ailleurs épuisé ma femme financièrement. Lors d'une visite, elle me dit qu'elle venait de trouver un travail; celui de domestique à Cotonou. Aussitôt j'entendis "domestique", je ne savais où les larmes avaient commencé à pleuvoir. Elle aussi commença à son tour. Nous pleurâmes à chaude larme quand soudain une voix rauque s'éleva près de nous : <<Madame, le temps qu'on vous a accordé est terminé, veuillez vider les lieux>>. C'était la voix du gardien-chef. Malgré nous, ma femme allait à reculons les larmes aux yeux jusqu'à perte de vue.
Cette prison avait une vaste étendue de terre qu'on appelait : " champs des prisonniers". On labourait pour avoir de vivre. Un jour, ce fut le tour de mon groupe et on était parti labourer. Parmi les militaires qui nous surveillaient se trouvait un ami avec qui j'avais fait la première. À notre vue, ce furent les larmes notre bonjour, car nous étions de très bons amis et il ne croit pas ni ne s'attendait pas de me voir là. Puis il me consola et me demanda de prier davantage pour qu'un jour je puisse trouver le salut. Après le départ de ma femme pour Cotonou c'était cet ami militaire qui m’envoyait de nourriture et d'argent. Je maigrissais petit à petit parce que non seulement je n'avais pas la liberté, mais la nourriture qu'on nous servait n'était pas souvent suffisante et parfois elle est très mal préparée.
On nous servait de n'importe quoi, ce qui n'est tout bien pour la santé de nous prisonniers. Nous sommes exposés aux maladies fréquentes, bref notre condition de vie était très misérable. J'avais fait déjà cinq années d'incarcération quand un matin le CB m'informa que dans quelques heures je serai libéré. Il ajouta que c'étaient ma femme et le directeur d'une ONG qui venaient de payer le montant de mon incarcération.
Suite à cette bonne nouvelle incroyable, mais vraie, je pleurais de joie. Les quelques heures prononcées par le CB m'apparaissaient comme des siècles, car j'avais déjà soif de retrouver ma liberté et je ne pensais pas l'avoir de sitôt. Enfin le moment arriva, j'eus ma liberté. En sortant de la prison, j'ai vu effectivement un homme et une femme richement habillés puis à côté d'eux ma femme qui portait les mêmes habits que la dame. Ils étaient tous penchés sur une voiture de luxe. Dès lors que je les ai vus, surtout mes messies, je me suis mis à genoux dans l'intention de marcher ainsi jusqu'à eux quand soudain l'homme vint me soûler.
Une immense pleure de joie envahit ma femme et moi. Nous nous serrâmes fortement l'un contre l'autre. Je les ai suivis jusqu'à Cotonou dans leur maison. L'homme qui vient ainsi de me sauver me confit plus tard la direction de l'une de ses ONG après avoir expérimenté mes talents. Au même moment mon unique garçon venait d'avoir son BEPC et ceci grâce à sa mère. Ayant appris les nouvelles de ma libération, de ma nomination et toujours dans l'optique de me nuire totalement, cette même secrétaire a cherché des renseignements sur mon nouveau patron et s'était rendu compte qu'il est un trafiquant de drogue. Un jour alors que mon patron se préparait pour aller au service, sa résidence fut assaillie par les forces de l'ordre qui avaient fouillé de fond en comble la maison, mais en vain.
À son tour, mon patron porta plainte contre son accusatrice, que dis-je ce loustic de secrétaire. Elle fut jugée coupable de fausses accusations et de complicité de trafic de drogue, car il s'est fait que les policiers ont trouvé chez elle des sacs de chanvre indien. Comme une graine de maïs semée ne saurait donner de sorgho, elle fut à son tour incarcéré, mais ceci pour une durée indéterminée.
C'est la fin de cette histoire intitulée "la secrétaire complice". Vos suggestions et critiques sur la forme et le fond sont les bienvenus.
Vous pouvez lire à
nouveau les parties précédentes 👇
👉 LA SECRÉTAIRE COMPLICE (Partie I)
👉 LA SECRÉTAIRE COMPLICE (Partie II)
👉 LA SECRÉTAIRE COMPLICE (Partie III)
👉 LA SECRÉTAIRE COMPLICE (Partie IV)
~Merci de nous lire~
Modeste L.H.
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